Dans notre précédente parution, nous avions évoqué les obstacles à surmonter pour engager l’apprenant dans sa formation en ligne. Cette problématique, dépendante de plusieurs facteurs (cognitif, comportemental, émotionnel et social), est si ample qu’elle ne pouvait être traitée dans un unique article. Nous vous invitons donc à consulter la première partie de cet article avant de poursuivre votre lecture, afin de profiter pleinement de toutes nos informations sur la question.
Nous avions déjà abordé dans la parution précédente quelques solutions pour pallier les difficultés relevées qu’étaient la passivité de l’apprenant, le rôle de l’animation, l’opacité autour de la formation proposée, ainsi que l’obsolescence des contenus pédagogiques. Aujourd’hui, nous allons nous concentrer sur les éléments qui pourraient favoriser l’engagement des apprenants. Dans un premier temps, nous reprendrons des points clés de conception pédagogique, dans l’optique de préparer la formation pour qu’elle soit engageante. Ensuite, nous porterons notre attention sur la connaissance des apprenants, en analysant leur fonctionnement et leurs besoins pour leur proposer des modules qui leur corresponde. Enfin, nous observerons l’impact du lien humain sur la motivation des participants et combien il est important de le conserver.
Bien préparer votre formation en ligne
Suite aux obligations liées à la crise sanitaire, beaucoup d’apprenants ont été contraints de voir leurs formations s’effectuer en distanciel. Au départ, ce changement de modalité fut assez mal vécu de manière générale, les apprenants se sentaient isolés et les formateurs démunis face à l’inédit de la situation. Désormais, ce type de formation se révèle bien plus populaire, comme peuvent l’attester les chiffres du Digital Learning de l’année 2023 concernant les modalités jugées comme les plus efficaces. Aussi, 70% des étudiants interrogés aux États-Unis déclarent finalement préférer l’e-learning aux modalités plus classiques. Les avantages qu’ils perçoivent sont son caractère pratique, la rapidité d’obtention du diplôme, sa flexibilité et ses frais de scolarité réduits.
Ce changement de position quant au digital learning est également dû aux formateurs et aux professeurs qui se sont efforcés de proposer des formations plus engageantes et de lutter contre l’isolement, en favorisant des pédagogies actives et basées sur les interactions entre pairs. Ils sont également parvenus à susciter plus d’intérêt chez l’apprenant et à réactiver son cycle de concentration en alternant les différents médias utilisés. Les longs textes ont peu à peu été combinés à des vidéos, à des documents annexes et à des activités pédagogiques. On observe alors un taux plus important de complétion des modules et davantage de réussite aux tests finaux de la part des apprenants, lorsque les contenus sont diversifiés.
Une des clefs pour favoriser l’engagement réside alors dans la conception pédagogique. Thème que nous avons déjà abordé dans un précédent article que nous vous invitons à consulter si vous souhaitez en savoir davantage sur les différentes étapes à suivre pour créer une formation. Vous assurer de proposer du contenu d’apprentissage qui réponde aux besoins du public cible est un premier élément décisif pour lui permettre de suivre la formation jusqu’à la fin. Il conviendra alors de prendre en compte sa durée de concentration, (moins de 20 minutes chez l’adulte) en favorisant des modules courts, clairs, traitant une notion par chapitre. Porter une attention toute particulière à la cohérence sera également nécessaire : cohérence entre objectifs pédagogiques, la formation délivrée et les évaluations, qu’on appelle également alignement pédagogique, mais aussi la cohérence entre les activités proposées et les outils mis à leur disposition. Nous éviterons alors de perdre les apprenants en cours de route.
Veiller à l’expérience utilisateur peut également se révéler un levier important pour favoriser l’engagement. Il s’agit alors de vérifier que tout fonctionne parfaitement, que le contenu est accessible sur plusieurs plateformes (ordinateur, tablette numérique, smartphone…), que l’interface est harmonieuse, que le visuel est agréable, qu’il y a des schémas et illustrations. La fluidité de l’expérience ainsi que l’attrait visuel peuvent jouer un rôle fondamental dans la réceptivité et la motivation des participants. Pour prendre du recul sur le contenu créé et pouvoir procéder à quelques ajustements afin de leur convenir au mieux, vous pouvez demander un œil extérieur sur votre travail et faire tester vos modules par un public diversifié : des étudiants dans le domaine, des novices en la matière, des personnes de tout âge et de toute profession, par exemple.
Mieux connaître vos apprenants
Aujourd’hui, nous possédons plus de données sur le fonctionnement du cerveau humain, notamment dans son rapport à l’apprentissage. Les neurosciences sont alors un atout sur lequel s’appuyer pour permettre à l’apprenant de suivre une formation enrichissante. Les découvertes contemporaines en la matière montrent qu’il existe un lien entre la cognition et les émotions et que cela influe fortement sur l’engagement. L’objectif en tant que formateur sera alors de favoriser un état d’esprit positif sur ses apprenants. Pour ce faire, vous serez amené à le préparer à différents niveaux pour recevoir le contenu pédagogique proposé.
Un des leviers à prendre en compte concernant le public cible est la manière dont vous pouvez susciter sa motivation. Il en existe deux types différents. La motivation intrinsèque dont le moteur est la satisfaction personnelle, les bénéfices à obtenir et le plaisir de l’individu en question. La motivation extrinsèque, en revanche, repose sur des éléments extérieurs afin d’obtenir la reconnaissance d’un tiers, une récompense ou éviter des remontrances. Il sera alors intéressant de les considérer lors de la formation, afin de pouvoir identifier ce qui peut encourager les apprenants à la poursuivre.
Faire prendre conscience des bénéfices à finaliser la totalité du parcours sera alors un premier élément sur lequel s’appuyer pour mettre le public dans de bonnes conditions d’apprentissage. En effet, il sera plus disposé à accomplir les objectifs s’il connaît au préalable les compétences qu’il va acquérir, les évolutions professionnelles auxquelles il pourra prétendre, etc.
Constater leur progression au fil du parcours est un levier complémentaire à actionner pour réactiver l’engagement de l’apprenant. En effet, ce dernier aura besoin de s’assurer qu’il parvient peu à peu à atteindre les objectifs finaux. Pour ce faire, vous pouvez mettre en place des évaluations à différents moments de la formation afin de donner des indications sur les compétences et connaissances acquises ou en voie d’acquisition. On parle généralement d’évaluations diagnostiques (celles effectuées en début de formation afin d’identifier le niveau des apprenants et d’adapter le contenu proposé afin qu’il réponde à leurs besoins), d’évaluations formatives (celles proposées en cours de parcours afin d’analyser la progression des apprenants et les manques à combler avant l’évaluation finale) et d’évaluations sommatives (celles permettant de définir le niveau des participants en fin de module, validant un certain niveau). De cette manière, les apprenants peuvent se situer dans leurs apprentissages. À la fin de ces différentes évaluations, un feedback bienveillant, individuel et personnalisé est nécessaire afin d’offrir à chacun des pistes d’amélioration en vue d’atteindre les objectifs finaux et renforcer leur motivation. Il s’agira également de valoriser les points forts repérés pour leur permettre de dépasser leurs points faibles.
Suite aux évaluations finales, l’obtention d’un badge ou d’une certification peut également jouer un rôle dans l’engagement de l’apprenant. Consécration de la formation reçue, ces types d’attestation de réussite sont souvent source de motivation supplémentaire pour les participants. Ils sont l’élément concret de leur enrichissement personnel et professionnel, mais sont également un élément qu’ils peuvent mettre en avant dans leur curriculum vitæ, renforçant le sentiment de l’impact positif de la formation sur leur carrière.
Un des éléments fondamentaux à prendre en compte lorsque vous proposez une formation, qu’elle soit en présentiel ou en distanciel, c’est de garantir à l’apprenant d’être acteur de son apprentissage. Il s’agit d’un enjeu important dans le contexte du e-learning puisqu’il est moins évident de les faire participer lorsqu’ils sont seuls face à leur écran. Cependant, de nouvelles possibilités se développent avec la démocratisation de cette modalité. Il est d’abord possible de mettre en place une pédagogie active en faisant agir les apprenants en dehors du module, à travers des projets à réaliser, des exercices à compléter, des vidéos à produire, des interviews à effectuer, etc. Cela dépendra des objectifs finaux de la formation, mais les possibilités sont multiples. Aussi, certains outils auteurs proposent désormais du Video Learning Interactif, offrant des activités pédagogiques et des contenus annexes à l’intérieur même des modules consultés. En restant actif, l’apprenant se sentira plus investi, plus motivé, mais cela permettra également de réactiver son cycle de concentration. Il n’y a alors que des bénéfices à mettre en place ce type de pédagogie et à utiliser ces outils innovants.
Conserver le lien humain
Il est souvent reproché aux formations en ligne de renoncer au moins partiellement à un certain lien humain, isolant l’apprenant devant son ordinateur, avec très peu de contacts sociaux. Or, ce lien est très important pour entretenir et favoriser l’engagement de l’apprenant tout au long de la formation. Il s’agit même, malgré les possibles a priori, d’un levier que nous pouvons mettre en place dans ce but.
Instaurer une communication entre l’apprenant et le formateur est déjà un premier point fondamental afin de lever les potentiels doutes. Ce contact pourra être établi de manière indirecte (par courriers électroniques, forum, blog, foire aux questions, messages privés sur la plateforme de formation utilisée, etc.) ou de manière directe (par appel téléphonique, visioconférence, etc.). Le formateur pourra également adapter la formation selon les besoins repérés lors de ces échanges, permettant une meilleure progression de chacun et donc davantage d’investissement et de motivation.
Le lien entre pairs sera également un atout indéniable pour favoriser l’engagement de chacun. Les travaux de groupe peuvent vraiment être une puissante source de motivation et de participation. Au-delà de l’intelligence collective et des autres bénéfices de la collaboration amenant chacun à s’améliorer, ils entraînent une obligation vis-à-vis de ses collaborateurs. L’apprenant pourra obtenir des encouragements afin de ne pas décrocher et aura plus de difficulté à abandonner le parcours, délaissant le reste du groupe. Dans la même optique, opter pour le peer coaching peut s’avérer bénéfique. Il s’agit de mettre en place des binômes afin d’entretenir son engagement à plusieurs. En ayant un partenaire de responsabilité, l’apprenant pourra se sentir soutenu, compris et cela lui permettra d’être plus assidu.
Conclusion
L’engagement de l’apprenant est un enjeu majeur pour les professionnels de la formation. Impactant directement le taux de complétion et de réussite, il a surtout une influence directe sur le bon déroulé du parcours et le vécu du public cible. Nous avons pu observer différents leviers à activer pour le favoriser à travers la préparation de la formation, la connaissance de l’apprenant et la conservation du lien humain.
Ces deux articles dédiés à l’engagement de l’apprenant réunissent alors quelques clés pour dépasser les obstacles qui peuvent survenir et pour identifier ce qui pourrait l’entretenir. Néanmoins, le sujet étant aussi vaste que passionnant, les éléments n’en seront jamais exhaustifs. Nous vous invitons alors à partager vos différentes astuces sous notre publication LinkedIn dédiée à cet article !