Kooking Mama // Comment transformer l’apprentissage avec des vidéos pédagogiques ? (partie 1/2)

Préambule

Les vidéos étant faciles à créer, elles sont fréquemment utilisées pour l’enseignement, par exemple sous forme de tutoriels sur YouTube. Mais la vidéo est-elle toujours le bon choix pour l’enseignement ? Que faut-il pour développer des vidéos pédagogiques efficaces ?

Vidéos pédagogiques et apprentissage efficace

Les vidéos les plus efficaces sont celles qui permettent aux apprenants d’établir un lien émotionnel avec le sujet. La théorie du double codage (Paivio, 2007) inclut une composante émotionnelle dans la grande variété d’impressions qui contribuent à l’apprentissage. Il est prouvé que l’apprentissage de concepts abstraits (qui ne sont généralement pas associés à des objets concrets) est facilité par l’association à un contenu émotionnel (Kousta, Vigliocco, Vinson, Andrews, & Del Campo, 2011).

Avant de nous pencher sur les applications de la vidéo pour l’enseignement, examinons le concept de « l’apprenant dans sa globalité ».

L’apprenant dans sa globalité : Cognition, émotion et apprentissage social

L’apprentissage est un processus complexe qui dépend d’un certain nombre de facteurs, dont l’âge, le sexe, le statut socio-économique, etc. Les apprenants qui adoptent des attitudes affectives positives (intérêt pour le sujet et perception de soi sur le plan académique) ont tendance à mieux réussir leur apprentissage (Çalişkan, 2014).

L’expérience d’apprentissage idéale fait appel à ce que Matteson (2014, p. 862) appelle « l’étudiant dans son ensemble », en tenant compte des caractéristiques cognitives, émotionnelles et sociales des apprenants. Elle rapporte les résultats d’une étude explorant la relation entre le développement émotionnel et cognitif des apprenants et leur compétence en matière de maîtrise de l’information. Elle a administré des instruments pour mesurer l’intelligence émotionnelle des participants, l’affect dispositionnel (la façon dont un individu perçoit les événements sur le plan émotionnel), la motivation et la maîtrise de l’information.

L’analyse des données suggère que l’intelligence émotionnelle (IE) est un prédicteur significatif des scores de maîtrise de l’information : plus une personne a d’IE, plus son score de maîtrise de l’information est élevé. Sur la base de ses conclusions, Mme Matteson a recommandé que l’enseignement intègre la conscience émotionnelle et cognitive au contenu des cours.

Vers la plénitude : Un modèle d’apprentissage complet

Illeris (2009, 2015) a adopté ce que l’on pourrait appeler une approche humaniste ou holistique pour théoriser le processus d’apprentissage. Comme le montre la figure 1, il affirme que l’apprentissage est une interaction entre trois dimensions : le contenu, l’incitation et l’interaction.

Figure 1. Les trois dimensions de l’apprentissage. Adapté de Illeris (2009) / Crédit : Obsidian Learning

Le contenu comprend les connaissances, les aptitudes, les croyances, les opinions, les comportements, les compétences, etc. L’incitation est l’énergie mentale (motivation, émotion, volition) qui anime le processus d’apprentissage. L’apprentissage se produit par l’interaction de l’apprenant avec l’environnement.

Un véritable apprentissage implique un lien subjectif entre les intérêts et les motivations de l’apprenant et le contenu de l’apprentissage, qui comprend toujours une dimension cognitive, émotionnelle et sociale. Ces dimensions sont étroitement intégrées : le contenu cognitif est toujours influencé subjectivement par les motivations et les émotions de l’apprenant, et l’engagement émotionnel et motivationnel est toujours influencé par le contenu de l’apprentissage.

Si l’on examine les termes à l’extérieur du triangle, on constate que l’objectif de l’apprentissage est l’épanouissement personnel. En s’engageant dans le contenu, l’apprenant développe sa capacité à relever les défis de la vie et construit ainsi sa fonctionnalité personnelle. Dans la dimension incitative, l’apprenant mobilise la motivation, l’émotion et la volition pour atteindre l’équilibre mental et la sensibilité personnelle. Grâce à des activités sociales telles que la perception, la communication et la participation, l’apprenant s’intègre aux communautés et à la société dans son ensemble.

Vidéos d’enseignement : Applications

Les vidéos ne sont pas seulement utilisées pour saisir les détails complexes de nombreux sujets, mais sont souvent utilisées pour expliquer et simplifier des concepts, des systèmes ou des processus complexes.

Les vidéos d’apprentissage idéales étant généralement brèves (de trois à cinq minutes), elles sont bien adaptées à l’apprentissage mobile. En outre, les formateurs peuvent utiliser la vidéo dans le cadre d’une classe « inversée », en préparant leur propre contenu vidéo pour que les étudiants le regardent chez eux, de sorte que le temps passé en classe puisse être consacré à la discussion et à d’autres activités (van der Meij & van der Meij, 2014 ; Giannakos, Konstantinos, & Nikos, 2015).

Une autre utilisation de la vidéo est le « retour vidéo » (RV), dans lequel les apprenants se filment en train d’effectuer une tâche et revoient ensuite la vidéo pour évaluer et améliorer leur performance (Fukkink, Trienekens, & Kramer, 2011).

Dans une méta-analyse de la recherche sur l’utilisation de la RV pour améliorer les compétences d’interaction d’un large groupe de professionnels, Fukkink, Trienekens et Kramer (2011) ont constaté que la RV est efficace pour améliorer les compétences de communication clés, y compris les compétences verbales, non verbales et d’interaction.

Vidéo et compétences psychomotrices

Une question souvent posée dans les discussions sur l’apprentissage mobile est de savoir s’il est utile pour enseigner les compétences psychomotrices. Si les compétences cognitives peuvent assez facilement être enseignées sans la présence d’un instructeur, qu’en est-il des compétences pratiques telles que l’assemblage d’un appareil ou la construction d’une installation ? La recherche indique que la vidéo peut être une ressource clé dans l’enseignement des compétences psychomotrices à distance.

J’espère que vous avez apprécié la partie 1 de cet article qui couvre un sujet que je trouve pour ma part passionant. Rendez-vous dans quelques jours pour la partie 2 🤘